dimanche 20 novembre 2016

4. Jean Davallon, Le musée est il vraiment un média et Tony Bennett The exhibitionnary complex




Jean Davallon

      Professeur (Lyon, St Etienne, Avignon)
      Directeur du laboratoire Culture et Communication
      Directeur, pour l'UAPV, du Programme international de doctorat Muséologie
      Ancien Président de la section 71 du CNU

Auteur de nombreux articles, ainsi que
Davallon J. (dir.), Claquemurer, pour ainsi dire, tout l’univers. La mise en exposition, Paris, Centre Pompidou, CCI, 1986.
Davallon J., L’exposition à l’œuvre, Paris, L’Harmattan, 1999.
Davallon J., SCHIELE B., L’environnement entre au musée, Lyon/Québec, Presses Universitaires de Lyon/Musée de la Civilisation, 1992.
Davallon J., Le don du patrimoine : une approche communicationnelle de la patrimonialisation, Paris, Lavoisier, 2006.

1.    Le musée comme système de communication


Premières évocations : début des années ’60, dans le sillage de McLuhan (the medium is the message) : des canadiens de Toronto (Parker, 1963, Royal Ontario Museum), Séminaire de 1967, traduit en français : McLuhan M., Parker H., Barzun J., Le musée non linéaire – Exploration des méthodes, moyens et valeurs de la communication avec le public des musées, Lyon, Aléas [1969], 2008


Cameron : Un point de vue : le musée comme système de communication (curator, 1968):

-       Musée : lieu où conserve des « vraies choses » (real thing – choses réelles ou choses véritables : dans un monde du multiple et du simulacre, on voit la réalité). Sa spécificité dépend des vraies choses pour communiquer. Efficacité différente de la communication avec vraies choses.

-       Une vraie chose : artefact, aussi spécimens muséums, phénomènes démontrés (kinéfacts : le mouvement. Ex. pendule de Foucault).

-       Musée : système très complexe de communication : beaucoup émetteurs, beaucoup récepteurs : plusieurs médias (artefacts, kinéfacts, imprimé, film, son).

1. Schéma général : Réalisateur exposition (conservateur, ou mieux muséographe et éducateur : source) – vraies choses (médias de communication) – visiteurs (receveurs)
2. Problèmes de non-compréhension. Utilise médias non verbaux avec médias subsidiaires (étiquettes, voix enregistrées, diagramme, photos, films) : servir uniquement à décoder les médias primaires (pour Cameron, qui s’oppose aux muséographes des sciences, etc.)
. Limiter les interférences, faciliter traduction : créer des environnements pour les choses réelles (couleur, formes, textures)
. Boucles de rétroaction (feed back) : messages décodés retournent au concepteur expo, ou pour permettre visiteur voir si bien compris messages.
3. Mode différent de perception : pas séquence, pas linéaires (verbaux) mais ensembles appréhendés d’un coup. Apprentissage au langage du musée nécessaire. Gde différence avec linéarité…

Cameron s’oppose à la muséologie de l’objet (même si l’on doit communiquer par des objets), y compris dans musées science, où les manipulations semblent plus importantes que le message qui doit passer : vers une muséologie de la communauté : Nouvelle muséologie : pour cela qu’il écrit sur le musée temple ou forum, parle de Casa del Museo, etc. L’important est la communication, pas l’objet.


2.    Le musée comme média


On part de (1) le musée comme collection d’objets – vers (2) le musée comme système de communication puis (3) le musée comme média

-       Davallon : un Média : pas au sens courant du terme : le musée n’est pas (au sens du média) une technologie de diffusion d’information, dans le but de communication d’information, développée économiquement dans des structures industrielles.

-       On peut admettre que technologie du musée est l’exposition (possibles véritables structures économiques de production d’expo, outils de communication). Mais : nature économique du musée ? Véritable communication ? N’entrent que partiellement dans la définition du musée.

-       Mais la définition du média : pas seulement technologie d’information ou de communication : aussi facteur d’opérativité sociale : pas seulement machines à communiquer, mais dispositif social reliant les acteurs à des situations : relation entre l’un et l’autre.

o   L’ensemble constitue un espace social : 1. Média comme lieu d’interaction (spécifique, ex. TV, Ciné) ; 2. Dont les caractéristiques sont socialement définies ; 3. Média produit du discours social spécifique, différent des autres média ; 4. Établit un lien social qui lui est propre ; 5. Garde en mémoire les anciennes interactions, pour les utiliser ; 6. Organise ainsi un espace social ; 7. Dispositif et espace sont enjeux de pouvoir.

musée comme lieu d’action ritualisé (susceptible d’être analysé, et l’analyse utilisée) Donc : (1) objets (muséalia), (2) public (musée construit pour un public, même musées fermés), (3) exposition (comme espace de rencontre).

En découle : changement du statut de l’objet, suite à l’évolution de l’espace social de l’exposition :


En découlent trois « muséologies » :

1.    d’objets ou le musée comme lieu de conservation et de présentation d’objets (unité élémentaire : vitrine ou salle ; communication entre conservateur - exposant/Public), (ancienne : centrée sur l’objet façon Gilman, fétichisation)
2.    d’idée ou le musée comme système de communication (présentation du savoir, ou le message véhiculé par les objets, unité élémentaire : ensemble d’objet ou unité écologique ; matrice plus complexe : vraie médiatisation entre visiteur et savoir : différentes instances de production/différents publics) : Cameron (ou un peu Brown Goode, comme précurseur) : centrée sur le savoir (donc boucles, feed back, etc.) : « éducation »
3.    de point de vue ou le musée comme média (nouveauté Davallon. Centrées non sur savoir mais sur visiteur, objets et savoirs (il y en a plusieurs) utilisés comme matériaux, construction d’environnements où visiteur évolue, avec plusieurs points de vue : reconstitution d’écosystèmes, period rooms, bio-parcs (Biodôme), expositions spectacles (cité-ciné). Unité élémentaire de présentation : séquences entières d’expo, visiteur fait partie intégrante de la scénographie, qui se déroule tout autour d’elle
Matrice communicationnelle beaucoup plus complexe : inclut relation du visiteur à l’institution muséale (pour ses prises de position) et l’environnement social extérieur au musée, engagement social du musée, etc.

3. Bilbao et la « muséologie » de passage

1. Objet      è      2. Idée    è     3. Point de vue     è      4. Passage

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique
Robida, Le tramway du Louvre, 1883

Ecce homo touristicus… et consumeriticus!

Le rôle de Thomas Krens

Contenant vs contenu
Libeskind, Musée juif de Berlin, 1998
Maxxi, Rome, Zaha Hadid
Pompidou – Metz, Shigeru Ban 

Blockbusters
            Sensation, Londres, Berlin, Brooklyn, (Australie) (1997-2000)
            The Art of the Motorcycle, Guggenheim, 1998-2002

Tony Bennett, The exhibitionnary Complex

      Australien
      Sociologue, cultural studies, histoire culturelle
      Open University, UK
      University of Western Sidney
 
Books
Bennett, T., Savage, M., Silva, E., Warde, A., Gayo-Cal, M. and Wright, D. (2009) Culture, Class, Distinction, London & New York: Routledge.
Bennett, T. 2007, Critical Trajectories: Culture, Society, Intellectuals, Malden, US, and Oxford: Blackwell.
Bennett, T. 2007, Culture and Society: Collected Essays, Beijing: Guangxi Normal University Press.
Bennett, T. 2004, Pasts Beyond Memories: Evolution, Museums, Colonialism, London & New York: Routledge.
Bennett, T., Frow, J. & Emmison, M. 1999, Accounting for Tastes: Australian Everyday Cultures, Melbourne: Cambridge University Press.
Bennett, T. 1998 Culture: A Reformer’s Science, Sydney: Allen and Unwin; London & New York: Sage. [Croatian translation, Golden marketing-Technicka knjiga].
Bennett, T. (ed.) 1996, Museums and Citizenship: A Resource Book, special issue of Memoirs of the Queensland Museum, vol. 39, part 1.
Bennett, T. 1995, The Birth of the Museum: History, Theory, Politics, London & New York: Routledge.
Bennett, T. 1990, Outside Literature, London & New York: Routledge; New York: Methuen Inc.
Bennett, T. & Woollacott, J. 1987, Bond and Beyond: The Political Career of a Popular Hero London: Macmillan; and New York: Methuen Inc.
Bennett, T. 1979, Formalism and Marxism, London & New York: Methuen.

Le développement des Museum studies

Brno (1963),  Leicester (1966) ,  Paris (1970)
E.P. Alexander
T. Ambrose
G.E. Burcaw

L’université de Leicester:
http://www2.le.ac.uk/departments/museumstudies/research

Museum Studies et Cultural studies
      1960’s, UK
      Nouvelles universités, nouvelles spécialisations (Birmingham)
      Une approche transversale
      Cultures populaires, minoritaires
      French Theory
      Des risques et des critiques (Sokal et Bricmont, Impostures intellectuelles)

Une influence majeure des cultural studies et de The exhibitionnary complex

Foucault, Surveiller et punir, 1975
Une influence chez
-       Crimpp
-       Hooper Greenhill
-       Bennett

Qu’est-ce qu’un dispositif ?

un contexte
      technique (la manière dont sont disposées les parties d’une machine)
      militaire (les moyens disposés en vue d’une stratégie) 
      juridique (les parties du jugement qui concernent les dispositions prévues par la sentence).
      dispositif d’exposition, dispositif expographique ou communicationnel
(Trésor de la langue française)

Foucault, 1978
« Un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions règlementaires, de lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref ; du dit aussi bien que du non-dit […]. Le dispositif lui-même, c’est le réseau que l’on peut établir entre ces éléments. »

Deleuze, 2003
« Mais qu’est-ce qu’un dispositif ? C’est d’abord un écheveau, un ensemble multilinéaire. Il est composé de lignes de nature différente. Et ces lignes dans le dispositif ne cernent ou n’entourent pas des systèmes dont chacun serait homogène pour son compte, l’objet, le sujet, le langage, etc., mais suivent des directions, tracent des processus toujours en déséquilibre, et tantôt se rapprochent, tantôt s’éloignent les unes des autres. » 

Agamben, 2007
« J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. »

Expologie

(angl. Expology, esp. Expología). n. f. Distincte de la muséologie, l’expologie est l’étude de l’exposition – non pas sa pratique (l’expographie), mais sa théorie. Même si elle peut être partie de la muséologie, elle s’en distingue dans la mesure où les expositions peuvent se produire en d’autres lieux que les musées.

-       Un ensemble d’étude plus vaste que les seules expositions
-       L’exposition des corps ou des enfants
-       Exposition commerciale
-       Loft story…

Prochain cours :
Louvre, rapport d’activité http://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-rapport-d039activites-2011.pdf
et Jacques Rigaud, Réflexion sur la possibilité pour les opérateurs publics d’aliéner les œuvres de leurs collections http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000071/0000.pdf

3. Van Mensch et Chaumier




3.1. Peter van Mensch, museology and management


Peter van Mensch

      1947, Pays-Bas
      Zoologie et archéologie
      Plusieurs musées, et responsable programmes éduc. et expos. MHNat. Leiden
      1982 – 2010, Reinwardt Academie, Amsterdam, Muséologie théorique
      Thèse 1992


Le contexte : la muséologie scientifique

La crise des musées, 1968

Une réponse : la muséologie comme science

Programme d’ICOFOM 1977
         établir la muséologie comme une discipline scientifique universitaire,
         analyser et assister le développement des musées et de la profession muséale,
         étudier le rôle des musées dans la société
         encourager l’analyse critique des principaux courants de la muséologie.

La muséologie : étude d’une relation spécifique

« La muséologie est une discipline scientifique distincte et indépendante dont l’objet de connaissance est une approche spécifique de l’homme à la réalité, exprimée objectivement en des formes de musées variées au cours de l’histoire.  » Zbýnek Stránský 1980

« La muséologie est une science qui examine le rapport spécifique de l’homme avec la réalité et consiste dans la collection et la conservation, consciente et systématique, et dans l’utilisation scientifique, culturelle et éducative d’objets inanimés, matériels, mobiles (surtout tridimensionnels) qui documentent le développement de la nature et de la société. »
« Le musée est une institution qui applique et réalise le rapport spécifique homme-réalité » Anna Gregorova (Muwop Dotram 1, 1981)

Structure de la muséologie (van Mensch et Stransky)

         muséologie générale : principes de préservation, de recherche et de communication des témoins matériels de l’homme et de son environnement, et du cadre institutionnel qui entoure ces activités.
         muséologie théorique et métamuséologie: fondations philosophiques (notamment épistémologiques) de la muséologie
         muséologie spéciale : liens entre la muséologie générale et les disciplines particulières (histoire de l’art, anthropologie, histoire naturelle, etc.).
         muséologie historique
         muséologie appliquée: muséographie

La muséologie comme science?

« Les problèmes de l’existence de la muséologie peuvent être seulement résolus si l’on prouve :

(1) que le phénomène muséal est vraiment l’expression d’une relation spécifique de l’homme à la réalité ;
(2) que cette relation nécessite des connaissances spécifiques qui ne sont pas apportées par d’autres sciences existantes ;
(3) qu’il existe des conditions préalables d’ordre historique, social et métascientifique pour instituer comme discipline scientifique ce qui est une finalité gnoséologique spécifique ;
(4) et que, sans cette discipline scientifique, on ne peut continuer à être efficace dans le musée, ni résoudre les problèmes de la fonction et de l’importance du phénomène muséal dans la société. ». (Z.Z. Stránský)

« la muséologie n’est pas et ne peut pas être une science, pas plus que l’éducation ou la cuisine ne le peuvent, et toute tentative pour prouver le contraire est stupide, erronée et malhonnête » (Kenneth Hudson, 1997)

Opposition à la pensée anglo-saxonne

La muséologie pour la formation au travail muséal

-       le modèle de Gluzinski un aspect théorique, guide le travail et la formation
-       l’importance de la société : la muséologie et la formation doivent être au service « de la société et de son développement »
-       un modèle pour la Reinwardt, développé notamment par van Mensch

L’objet, porteur d’informations

The object as information bearer – The object as data carrier (Peter van Mensch)
         objet document (caractéristique physiques, données documentaires issues d’un processus historique :
        (1) stade conceptuel,
        (2) (plusieurs) stade(s) factuel(s) (construit, utilisé, conservé, restauré, etc.) : souvent le seul stade qui intéresse l’historien de l’art,
        (3) stade actuel
         objet message (données utilisées comme processus de communication, plusieurs messages) // Pearce
         objet information (sens du message pour le récepteur) // études de public
         (utilisation: restauration)

Le processus de muséalisation (voir ce terme)

-       Un processus plus vaste : lieux de mémoire
-       Un processus plus vaste : organisation mémorielle culturelle (cultural memory organization) (Kathy Gee)

Discussion par van Mensch d’outils de gestion

-       Dans la continuité de l’approche fonctionnelle, vue comme une évolution
-       Une analyse relativement neutre (présente les premiers articles sur le sujet)
-       A mettre en lumière avec le contexte actuel, et l’utilisation intensive des indicateurs (depuis la LOLF, en 2006) : le Ministère de la culture est soumis à ces indicateurs, et notamment le patrimoine.

-       Idem pour l’analyse portfolio de Kersti Krug, directement influencée par l’approche des matrices BCG (Boston consulting group), ou l’immixtion d’outils de gestion managériale au sein des musées

-       Une analyse de l’économie de l’expérience, de Pine et Gilmore

-       A mettre en rapport avec l’économie de la créativité et l’immixtion toujours plus forte de l’économie dans le monde de la culture.



Serge Chaumier, Les ambivalences du devenir de l’écomusée

      Sociologue
      Attaché du patrimoine pour un musée de société
      Professeur à l’Université de Dijon, puis d’Artois
      Auteur de nombreux ouvrages sur les musées, notamment
      Des musées en quête d’identité
      L’inculture pour tous
      Actualités du patrimoine (avec L. di Gioia)
      Expoland, ce que le parc fait au musée (dir.)
      Musées et développement durable (dir.)
      Exposer des idées, du musée au centre d’interprétation (dir. Avec D. Jacobi)

Des musées en quête d’identité :
-       travail d’HDR, long travail de terrain,
-       un « résumé » pour Publics & Musées
-       Publics & Musées, première revue scientifique de muséologie francophone


Brève histoire de la nouvelle muséologie

A l’aune de la crise des musées…

Déclaration de Santiago de Chile

         1. S’ouvrir au monde (autres disciplines)
         2. Le patrimoine en vue de jouer un rôle social
         3. Véritable accès aux collections / muséographie, évaluation, formation
         4. Développer la conscience des problèmes liés à  l’
        Écologie et le développement social
        Urbanisation
        Éducation permanente

Ecomusée

Écomusée. n.m. – « Institution muséale qui associe, au développement durable d’une communauté, la conservation, la présentation et l’explication d’un patrimoine naturel et culturel détenu par cette même communauté, représentatif d’un milieu de vie et de travail, sur un territoire donné, ainsi que la recherche qui y est attachée ». (A. Desvallées)

         Pas de bâtiment mais un territoire
         Réseau et antennes
         Pas de collections, objets du territoire
         Pas de visiteurs ni touristes, mais des utilisateurs

         … ce n’est plus un musée ! (Jean Chatelain)

« Car l’écomusée est l’instrument privilégié du développement communautaire. Il ne vise pas d’abord à la connaissance et à la mise en valeur d’un patrimoine  il n’est pas un simple auxiliaire d’un système éducatif ou informatif quelconque  il n’est pas un moyen de progrès culturel et de démocratisation aux œuvres éternelles du génie humain. En cela, il ne peut s’identifier au musée traditionnel et leurs définitions respectives ne peuvent pas concorder  ». (H. de Varine, 1978)

Un outil :
         Pour découvrir son identité
         De développement social
         D’auto-éducation
         Pour changer le monde des musées
         A jeter après emploi…

         Une base de données pour la communauté
         Un observatoire du changement et un appui pour les réactions
         Un lieu de discussions, de rencontres, d’initiatives
         Une vitrine qui révèle la communauté à elle même (et aux visiteurs)
(H. de Varine, 1978)

La nouvelle muséologie

« La nouvelle muséologie, qui a largement influencé la muséologie dans les années 1980, regroupe un certain nombre de théoriciens français depuis le début des années 1980, puis internationaux à partir de 1984. Se référant à un certain nombre de précurseurs ayant publié, depuis 1970, des textes novateurs, ce mouvement de pensée met l’accent sur la vocation sociale du musée et sur son caractère interdisciplinaire, en même temps que sur ses modes d’expression et de communication renouvelés.

Son intérêt va surtout vers les nouveaux types de musées conçus en opposition au modèle classique et à la position centrale qu’occupent les collections dans ces derniers : il s’agit des écomusées, des musées de société, des centres de culture scientifique et technique et, de manière générale, de la plupart des nouvelles propositions visant à l’utilisation du patrimoine en faveur du développement local. »
 (concepts clés de la muséologie, 2010)

« Je ne me lasserai donc pas de le répéter: notre muséologie n’est apparue nouvelle que dans la mesure où la muséologie avait vieilli. Le mouvement que nous avons initié […] s’est plutôt voulu un retour aux sources […] et les principes qu’elle met en œuvre n’ont rien de révolutionnaire. » (André Desvallées, 1992)

La Nouvelle muséographie
         « tend à faire disparaître le fossé qu’avait mis le XIXe siècle entre le spectateur et l’objet muséalisé;
         En même temps, elle sait garder une certaine distance pour l’objet obsolète ou exotique muséalisé et l’utilise comme élément de base de son langage;
         Elle a créé un langage mettant en conversation l’objet déjà distancié et l’objet d’usage courant;
         De ce fait, elle a créé un genre nouveau qui n’est pas seulement expression d’une réalité scientifique mais création, au même titre qu’une œuvre d’artiste »
(André Desvallées, 1992)

L’appellation « musées de société » rassemble « les musées qui partagent le même objectif : étudier l’évolution de l’humanité dans ses composantes sociales et historiques, et transmettre les relais, les repères pour comprendre la diversité des cultures et des sociétés. »
 (Barroso et Vaillant, 1993).


Le cas de l’écomusée traité par Chaumier

Un petit écomusée parmi d’autres

-       Une population locale, un projet de musée rural
-       Le travail participatif et la logique de territoire, encouragé par Desvallées et GHR
-       Du succès (plusieurs milliers de visiteurs)
-       Une force d’opposition à la municipalité
-       Une connaissance plus ou moins précise des enjeux de l’écomusée

La question du discours du musée

La reconnaissance et prise en charge par le service des musées de France implique une approche particulière

-       Des normes techniques pour le bâtiment
-       Un discours cohérent, validé
-       Un mobilier expographique cohérent
o   Vitrines
o   Traitement des objets et conservation
o   Médiation

-       Quel discours pour quelles fins ?
o   Un musée de la nostalgie, avec un discours général sur « l’âge d’or , une histoire « mythologisée ».
o   Le risque de la propagande nationaliste ou régionaliste
o   Un musée spécifique, plus professionnel ?

-       L’enjeu pour l’écomusée est différent de celui du musée
o    Deux visions différentes (Rivière et Varine, ou le musée comme contre-pouvoir)
o   Le rôle du conservateur : porte parole ou créateur ?
o   Initiative communautaire : le communautaire avant tout ?
o   Le risque de la « dictature du local »

-       Une bataille entre amateur et professionnels
o   Au niveau financier
o   Au niveau du maintien du pouvoir

-       La tension se poursuit dans la plupart de ces initiatives, au niveau de leur développement

-       Les écomusées actuels sont-ils encore des écomusées ? ?


La question du bénévolat

-       Une telle tension existe ailleurs que dans les écomusées, dès que la logique de bénévolat apparaît
o   Musées bénévoles
o   Associations d’amis

-       Logique du don

o   Mauss,
o   Donner, recevoir, rendre
o   Le don et l’identité
o   Des aspects plus sombres

-       Un rapport de force particulier

-       Une logique à comprendre, cependant, pour
o   bénéficier des principes du don
o   dépendre un peu moins des deux autres logiques (publique et marché)


Prochain cours

      Jean Davallon, « Le musée est-il vraiment un média? », Publics & musées, 1992.
            http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1992_num_2_1_1017

      Tony Bennett, “The exhibitionnary complex” , New Formation, 4, 1988.
            http://www.londonconsortium.com/uploads/The%20Exhibitionary%20Complex.pdf