Jean Davallon
• Professeur (Lyon, St Etienne, Avignon)
• Directeur du laboratoire Culture et
Communication
• Directeur, pour l'UAPV, du Programme
international de doctorat Muséologie
• Ancien Président de la section 71 du CNU
Auteur de
nombreux articles, ainsi que
Davallon J. (dir.), Claquemurer, pour ainsi dire, tout l’univers. La mise en exposition,
Paris, Centre Pompidou, CCI, 1986.
Davallon J., L’exposition
à l’œuvre, Paris, L’Harmattan, 1999.
Davallon J., SCHIELE B., L’environnement entre au musée, Lyon/Québec, Presses Universitaires
de Lyon/Musée de la
Civilisation, 1992.
Davallon J., Le don du
patrimoine : une approche communicationnelle de la patrimonialisation, Paris, Lavoisier, 2006.
1. Le musée comme système de communication
Premières évocations : début des années ’60, dans
le sillage de McLuhan (the medium is the message) : des canadiens de
Toronto (Parker, 1963, Royal Ontario Museum), Séminaire de 1967, traduit en
français : McLuhan
M., Parker H., Barzun J., Le musée non linéaire – Exploration des
méthodes, moyens et valeurs de la communication avec le public des musées,
Lyon, Aléas [1969], 2008
Cameron :
Un point de vue : le musée comme système de communication (curator, 1968):
-
Musée : lieu où conserve des « vraies
choses » (real thing – choses réelles ou choses véritables :
dans un monde du multiple et du simulacre, on voit la réalité). Sa spécificité
dépend des vraies choses pour communiquer. Efficacité différente de la
communication avec vraies choses.
-
Une vraie chose : artefact, aussi spécimens
muséums, phénomènes démontrés (kinéfacts : le mouvement. Ex. pendule de
Foucault).
-
Musée : système très complexe de
communication : beaucoup émetteurs, beaucoup récepteurs : plusieurs
médias (artefacts, kinéfacts, imprimé, film, son).
1. Schéma
général : Réalisateur exposition (conservateur, ou mieux muséographe et
éducateur : source) – vraies choses (médias de communication) – visiteurs
(receveurs)
2. Problèmes de
non-compréhension. Utilise médias non verbaux avec médias subsidiaires
(étiquettes, voix enregistrées, diagramme, photos, films) : servir
uniquement à décoder les médias primaires (pour Cameron, qui s’oppose aux
muséographes des sciences, etc.)
. Limiter les
interférences, faciliter traduction : créer des environnements pour les
choses réelles (couleur, formes, textures)
. Boucles de
rétroaction (feed back) : messages décodés retournent au concepteur expo,
ou pour permettre visiteur voir si bien compris messages.
3. Mode
différent de perception : pas séquence, pas linéaires (verbaux) mais
ensembles appréhendés d’un coup. Apprentissage au langage du musée
nécessaire. Gde différence avec linéarité…
Cameron s’oppose à la muséologie de l’objet (même si l’on
doit communiquer par des objets), y compris dans musées science, où les manipulations
semblent plus importantes que le message qui doit passer : vers une
muséologie de la communauté : Nouvelle muséologie : pour cela
qu’il écrit sur le musée temple ou forum, parle de Casa del Museo, etc.
L’important est la communication, pas l’objet.
2. Le musée comme média
On part de (1) le musée comme collection d’objets –
vers (2) le musée comme système de communication puis (3) le musée comme média
-
Davallon : un Média : pas au sens courant du
terme : le musée n’est pas (au sens du média) une technologie de
diffusion d’information, dans le but de communication d’information, développée
économiquement dans des structures industrielles.
-
On peut admettre que technologie du musée est l’exposition (possibles véritables
structures économiques de production d’expo, outils de communication).
Mais : nature économique du musée ? Véritable communication ?
N’entrent que partiellement dans la définition du musée.
-
Mais la définition du média : pas seulement
technologie d’information ou de communication : aussi facteur d’opérativité sociale : pas seulement
machines à communiquer, mais dispositif social reliant les acteurs à des
situations : relation entre l’un et l’autre.
o
L’ensemble constitue un espace social : 1. Média
comme lieu d’interaction (spécifique, ex. TV, Ciné) ; 2. Dont les
caractéristiques sont socialement définies ; 3. Média produit du discours
social spécifique, différent des autres média ; 4. Établit un lien social
qui lui est propre ; 5. Garde en mémoire les anciennes interactions, pour
les utiliser ; 6. Organise ainsi un espace social ; 7. Dispositif et
espace sont enjeux de pouvoir.
musée comme lieu
d’action ritualisé (susceptible d’être analysé, et l’analyse utilisée)
Donc : (1) objets (muséalia), (2) public (musée construit pour un public,
même musées fermés), (3) exposition (comme espace de rencontre).
En découle : changement du statut de l’objet,
suite à l’évolution de l’espace social de l’exposition :
En découlent trois « muséologies » :
1.
d’objets ou
le musée comme lieu de conservation et de présentation d’objets (unité
élémentaire : vitrine ou salle ; communication entre conservateur
- exposant/Public), (ancienne : centrée sur l’objet façon Gilman,
fétichisation)
2.
d’idée ou
le musée comme système de communication (présentation du savoir, ou le message
véhiculé par les objets, unité élémentaire : ensemble d’objet ou
unité écologique ; matrice plus complexe : vraie médiatisation entre
visiteur et savoir : différentes instances de production/différents
publics) : Cameron (ou un peu Brown Goode, comme précurseur) : centrée
sur le savoir (donc boucles, feed back, etc.) : « éducation »
3.
de
point de vue ou le musée comme média (nouveauté Davallon. Centrées
non sur savoir mais sur visiteur, objets et savoirs (il y en a plusieurs)
utilisés comme matériaux, construction d’environnements où visiteur évolue,
avec plusieurs points de vue : reconstitution d’écosystèmes, period rooms, bio-parcs (Biodôme),
expositions spectacles (cité-ciné). Unité élémentaire de présentation :
séquences entières d’expo, visiteur fait partie intégrante de la scénographie,
qui se déroule tout autour d’elle
Matrice
communicationnelle beaucoup plus complexe : inclut relation du visiteur à
l’institution muséale (pour ses prises de position) et l’environnement social
extérieur au musée, engagement social du musée, etc.
3. Bilbao et la « muséologie »
de passage
1. Objet è 2.
Idée è 3. Point de
vue è 4. Passage
Walter Benjamin, L’œuvre
d’art à l’époque de sa reproductibilité technique
Robida, Le tramway du Louvre, 1883
Ecce homo touristicus… et consumeriticus!
Le rôle de Thomas Krens
Contenant vs contenu
Libeskind, Musée
juif de Berlin, 1998
Maxxi, Rome,
Zaha Hadid
Pompidou – Metz,
Shigeru Ban
Blockbusters
Sensation, Londres, Berlin, Brooklyn, (Australie)
(1997-2000)
The Art of the Motorcycle, Guggenheim, 1998-2002
Tony Bennett, The exhibitionnary Complex
• Australien
• Sociologue, cultural studies, histoire culturelle
• Open University, UK
• University of Western Sidney
Books
Bennett, T., Savage, M., Silva, E.,
Warde, A., Gayo-Cal, M. and Wright, D. (2009) Culture, Class, Distinction, London & New
York: Routledge.
Bennett, T. 2007, Critical Trajectories: Culture, Society,
Intellectuals, Malden, US, and Oxford: Blackwell.
Bennett, T. 2007, Culture and Society: Collected Essays,
Beijing: Guangxi Normal University Press.
Bennett, T. 2004, Pasts Beyond Memories: Evolution,
Museums, Colonialism, London & New York: Routledge.
Bennett, T., Frow, J. &
Emmison, M. 1999, Accounting
for Tastes: Australian Everyday Cultures, Melbourne: Cambridge
University Press.
Bennett, T. 1998 Culture: A Reformer’s Science,
Sydney: Allen and Unwin; London & New York: Sage. [Croatian translation,
Golden marketing-Technicka knjiga].
Bennett, T. (ed.) 1996, Museums and Citizenship: A Resource Book,
special issue of Memoirs of
the Queensland Museum, vol. 39, part 1.
Bennett, T. 1995, The Birth of the Museum: History,
Theory, Politics, London & New York: Routledge.
Bennett, T. 1990, Outside Literature, London
& New York: Routledge; New York: Methuen Inc.
Bennett, T. & Woollacott, J.
1987, Bond and Beyond: The
Political Career of a Popular Hero London: Macmillan; and New York:
Methuen Inc.
Bennett, T. 1979, Formalism and Marxism,
London & New York: Methuen.
Le développement
des Museum studies
Brno
(1963), Leicester (1966) , Paris (1970)
E.P. Alexander
T. Ambrose
G.E. Burcaw
L’université de
Leicester:
http://www2.le.ac.uk/departments/museumstudies/research
Museum Studies et Cultural studies
• 1960’s, UK
• Nouvelles universités, nouvelles
spécialisations (Birmingham)
• Une approche transversale
• Cultures populaires, minoritaires
• French Theory
• Des risques et des critiques (Sokal et
Bricmont, Impostures intellectuelles)
Une influence majeure des cultural
studies et de The exhibitionnary complex
Foucault,
Surveiller et punir, 1975
Une influence
chez
- Crimpp
- Hooper Greenhill
- Bennett
Qu’est-ce qu’un dispositif ?
un contexte
• technique (la manière dont sont
disposées les parties d’une machine)
• militaire (les moyens disposés en vue
d’une stratégie)
• juridique (les parties du jugement qui
concernent les dispositions prévues par la sentence).
• dispositif d’exposition, dispositif
expographique ou communicationnel
(Trésor
de la langue française)
Foucault, 1978
« Un
ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des
aménagements architecturaux, des décisions règlementaires, de lois, des mesures
administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques,
morales, philanthropiques, bref ; du dit aussi bien que du non-dit […]. Le
dispositif lui-même, c’est le réseau que l’on peut établir entre ces
éléments. »
Deleuze, 2003
« Mais
qu’est-ce qu’un dispositif ? C’est d’abord un écheveau, un ensemble
multilinéaire. Il est composé de lignes de nature différente. Et ces lignes
dans le dispositif ne cernent ou n’entourent pas des systèmes dont chacun
serait homogène pour son compte, l’objet, le sujet, le langage, etc., mais
suivent des directions, tracent des processus toujours en déséquilibre, et
tantôt se rapprochent, tantôt s’éloignent les unes des autres. »
Agamben, 2007
« J’appelle
dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de
capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et
d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres
vivants. »
Expologie
(angl. Expology,
esp. Expología). n. f. – Distincte de la muséologie,
l’expologie est l’étude de l’exposition – non pas sa pratique (l’expographie),
mais sa théorie. Même si elle peut être partie de la muséologie, elle s’en
distingue dans la mesure où les expositions peuvent se produire en d’autres
lieux que les musées.
- Un ensemble d’étude plus vaste que les
seules expositions
- L’exposition des corps ou des enfants
- Exposition commerciale
- Loft story…
Prochain
cours :
Louvre, rapport d’activité
http://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-rapport-d039activites-2011.pdf
et Jacques Rigaud, Réflexion sur la possibilité pour les opérateurs publics d’aliéner les
œuvres de leurs collections http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000071/0000.pdf